PAC(O) X Carla da Silva & Vanessa Riera
DE(S)RACINE(S)

Les vêtements ont une histoire, une identité, une vie. Derrière les choix des vêtements qu’un·e individu·e porte se cache une volonté de se présenter au monde extérieur, s’exprimer, se protéger, s’identifier, se fondre dans la masse, ou à l’inverse se distinguer. Si les pratiques vestimentaires des populations immigrées peuvent nous renseigner sur leurs traditions culturelles, le déracinement affecte ces modes vestimentaires, parfois abandonnées au profit de celles de la société accueillante, d’autres fois réservées à l’espace privé ou aux évènements festifs.

Mojib Nurbakhsh, les soeurs Jovana et Magdalena Salimovic, Sakhi Nazari, Birkit Haile et son fils Dejen, Tornike Kapanadze et Conteh Salid se présentent fièrement devant l’objectif, paré·es des vêtements et accessoires qu’ils·elles ont réussi à ramener de leurs pays d’origine et ceux qu’ils·elles ont pu ou dû se procurer ici. 

Pour ces jeunes personnes contraintes à l’exil, le vêtement conserve ce double symbolisme : à la fois vecteur d’intégration sociale, il permet aussi de garder un lien avec sa culture d’origine. Leur décision de porter un tel vêtement plutôt qu’un autre repose donc sur une certaine volonté de jongler entre les codes traditionnels et ceux de la société dominante. Ce sont ces décisions et ce qu’elles déguisent que ce travail photographique vise à explorer. Prenant comme vocabulaire commun le vêtement, il se veut à l’écoute des personnes qui ont quitté leur pays d’origine pour arriver à Genève, espérant une vie meilleure, et cherche à poser sur eux·elles un regard qu’on leur porte peu. 

Les portraits photographiques résultant de ces échanges et de ce travail collaboratif supervisé par Vanessa Riera et Carla da Silva ont été exposés du 16 janvier au 7 février 2020 à la galerie du centre d’hébergement collectif de Rigot.

Soutien : Fondation Sesam, Hospice Générale

Le travail plastique de Vanessa Riera expérimente les “capacités” de divers textiles ainsi que le détournement de techniques de fabrication issues de cultures diverses. Elle crée des oeuvres qui puisent leur source dans l’architecture, la nature, les mots, mais surtout l’humain. Souvent les sculptures, structures et installations prennent vie une fois que les corps les activent. Au fil du temps, sa conscience de l’impact de la production textile, tant sur l’humain que sur les ressources naturelles, l’a amenée à créer à partir de vêtements récupérés, issus de l’industrie de la fast fashion. Elle fabrique aussi ses matières, en collaboration avec des artisan.e.s. 

Le travail de Carla da Silva s’inscrit dans une approche de sociologie visuelle, explorant des notions d’identité, de communauté, et d’appropriations de l’espace. Son regard s’attarde sur celles et ceux qui sont désigné·es comme étant en marge. A travers ses images, elle cherche à appréhender et à restituer sa vision de la ville et ses enjeux sociaux. Elle est diplômée en « Photography and Urban cultures » de l’université Goldsmiths à Londres. Ses photographies ont été exposées à Genève, notamment au Commun et à la Comédie de Genève, mais aussi à l’espace culturel Nouveau Monde à Fribourg, au palais de la Musique et des Congrès à Strasbourg et à la Photofusion Gallery à Londres. 

DE(S)RACINES – © Robin Siegenthaler

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